Soeur Sourire

Jeanine Deckers, surnommée plus tard « Sœur Sourire », est née à Bruxelles, en 1933. A l’âge de 20 ans, Jeanine Deckers était professeur d’arts dans un lycée. Dans les années qui suivirent, elle apprit à jouer de la guitare et rompit ses fiançailles.

En 1959, Elle devient sœur dominicale et entre au couvent Fichermont de Waterloo, en Belgique, prenant le nom « Sœur Luc Gabriel ». Elle divertit les villageois locaux, ainsi que ses consœurs en leur jouant les chansons qu’elle compose. Après avoir composé « Dominique », elle est encouragée par ses amies à enregistrer la chanson. Elle accepte à contrecœur, et paie plusieurs sessions d’enregistrement pour pouvoir offrir des copies de son disque.

Des agents de Phillips Records tombent sur les enregistrements et convainquent Sœur Luc Gabriel de signer un contrat d’enregistrement au sein du label, en 1962. Ils la renomment « Sœur Sourire ». Elle décide de reverser l’ensemble des profits de ses enregistrements au couvent Fichermont. En 1963, l’enregistrement de « Dominique » devient un succès partout dans le monde. Peu à l’aise avec la célébrité qu’elle a gagnée, Sœur Luc Gabriel accepte à contrecœur de donner des concerts et d’apparaitre dans un talk-show en 1964.

En 1966, « The Singing Nun », un film dédié à sa vie dans lequel Debbie Reynold tient son rôle sort sur grand écran. Sœur Luc Gabriel désavoue le film, qui n’est que fiction selon ses dires. A la sortie du film, elle avait cessé de donner des concerts, pour se concentrer sur sa foi.

Bien que très religieuse, elle commence à douter du conservatisme de l’Eglise Catholique, notamment vis-à-vis de sa position sur les moyens de contraception. Bien qu’étant à l’origine du succès de Sœur Luc Gabriel, le couvent n’est pas très confortable avec toute l’attention portée à leur congrégation par la carrière musicale de leur consœur.

En 1967, Sœur Luc Gabriel quitte le couvent pour reprendre sa carrière musicale, reversant toujours une bonne partie de ses bénéfices au couvent. Elle emménage avec une amie d’enfance, Annie Pécher. Elle deviendront amantes.

En 1967, lorsqu’elle sort son second single, « I Am Not A Star In Heaven », Jeanine Deckers est déjà retombée dans l’obscurité. Elle utilise alors « Luc Dominique » comme nom d’artiste. En effet, en quittant le couvent, Jeanine Deckers fut forcée d’abandonner toute référence religieuse. Le couvent exigea également que son nom soit radié des registres officiels.

Elle partit alors en tournée aux Etats-Unis et au Canada, où elle chanta de nouvelles chansons, critiquant l’Eglise. Le succès ne fut pas au rendez-vous.

En 1968, elle sort un livre intitulé « Vivre sa Vérité ». Mais une fois de plus, c’est un échec. Cette année-là, en partenariat avec son amie, Annie Pécher, Jeanine Deckers ouvre une école pour enfants autistes.

Au même moment, elle reçoit un courrier du gouvernement belge, lui réclamant entre 50'000 et 80'000 euros de taxes impayées, sur son single « Dominique » et son premier album. Jeanine leur répond que tous les bénéfices ont été reversés au couvent Fichermont, et qu’elle est donc exonérée de toute taxe. Mais n’ayant aucun registre pour vérifier ses dires, les autorités belges la tiennent responsable de sa dette. En 1982, une cour de justice tranche, Jeanine devra payer ses taxes.

Entre temps, Jeanine enchaîne les dépressions et crises de nerf. Pour gagner un peu d’argent, elle se remet quand même à enseigner l’art et donne des cours de guitare. Au début des années 80, dans un nouvel effort pour récolter de l’argent, on la convainc de ressortir un single, un remake modern de « Dominique ». Mais ce fut un échec.

Acculée par la décision de la cour de justice, Annie est obligée de fermer son école pour enfants autistes, tandis que Jeanine se fait licencier de son poste d’enseignante.

Le 29 mars 1985, après plusieurs années très difficiles, Jeanine et Annie se suicident d’une overdose de médicaments, mélangés à de l’alcool, dans leur appartement de Wayre, en Belgique. Au comble de l’ironie, le jour-même de ce double suicide, l’association belge qui récolte les bénéfices pour les chanteurs, la SABAM, annonce qu’elle a l’intention de reverser 300'000 euros à Jeanine Deckers, bien plus que ce dont elle avait besoin pour effacer sa dette…

 

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Paroles de « Dominique »

Dominique, nique, nique
S'en allait tout simplement,
Routier, pauvre et chantant
En tous chemins, en tous lieux,
Il ne parle que du Bon Dieu,
Il ne parle que du Bon Dieu

A l'époque où Jean Sans Terre, d'Angleterre était le roi
Dominique notre père, combattit les albigeois.

{Refrain}

Certains jours un hérétique, par des ronces le conduit
Mais notre Père Dominique, par sa joie le convertit

{Refrain}

Ni chameau, ni diligence, il parcourt l'Europe à pied
Scandinavie ou Provence, dans la sainte pauvreté

{Refrain}

Enflamma de toute école filles et garçons pleins d'ardeur
Et pour semer la parole, inventa les Frères-Prêcheurs

{Refrain}

Chez Dominique et ses frères, le pain s'en vint à manquer
Et deux anges se présentèrent, portant de grands pains dorés

{Refrain}

Dominique vit en rêve, les prêcheurs du monde entier
Sous le manteau de la Vierge, en grand nombre rassemblés.

{Refrain}

Dominique, mon bon Père, garde-nous simples et gais
Pour annoncer à nos frères, la vie et la vérité.

{Refrain}

 

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Sources

Blog / Parolesmania

Alors que les internés de Briarcliff se cognent la tête contre les murs de la salle commune, ils sont forcés d'écouter en boucle "Dominique", de Sœur Sourire. Et cette chanson n'a pas été choisie au hasard...

Cette écoute forcée est le moyen d'oppression par excellence. Car bien que les paroles de "Dominique" soient joyeuses et spirituelles et que la musique reprenne celle d'une comptine pour enfants, le message de la chanson est corrompu par l'écoute forcée, au milieu d'une dizaine de fous. Le fait d'écouter cette chanson joyeuse dans un tel contexte a de grande chance de vous rendre plus fou que vous ne l'êtes déjà, car ce que vous êtes obligés d'écouter et de regarder s'opposent diamétralement. Ce moyen d'oppression reprend la théorie psychologie élaborée par Leon Festinger, la "dissonance cognitive", théorie selon laquelle la présence simultanée d'éléments contradictoires dans la pensée de l'individu entraîne chez lui un état de malaise. Et lorsque l'individu n'a aucun contrôle sur ces éléments contradictoires, son comportement ne peut que se modifier de façon négative...